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La Papouasie-Nouvelle-Guinée : un pays, 850 langues

Il existe un endroit sur Terre où la parole se décline en des centaines de voix différentes. Où chaque vallée, chaque colline, chaque village semble avoir sa propre façon de nommer le monde. Située à l’est de l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est un pays insulaire marqué par un climat tropical. Avec un total dépassant les 850 langues, la Papouasie-Nouvelle-Guinée se distingue comme l’un des pays les plus plurilingues au monde. Mais derrière ce chiffre impressionnant se cache une histoire complexe, façonnée par l’isolement, la géographie, les traditions orales et une incroyable résilience culturelle.

Un territoire vaste et contrasté

Pour comprendre cette diversité exceptionnelle, il faut d’abord regarder la carte. Ce pays s’étend sur la partie est de l’île de Nouvelle-Guinée, considérée comme la deuxième plus vaste île de la planète après le Groenland. C’est un territoire accidenté, montagneux et couvert de forêts denses, parcouru de rivières impétueuses et parsemé de villages souvent difficilement accessibles.

Cette géographie fragmentée a joué un rôle fondamental. Pendant des millénaires, elle a maintenu les populations isolées les unes des autres, limitant les échanges et favorisant l’émergence de communautés autonomes. Chaque groupe humain a développé sa propre langue, adaptée à son environnement, à son mode de vie, à ses mythes et à sa culture.

Des langues anciennes, des familles complexes

Parmi les 850 langues parlées dans le pays, on distingue deux grandes catégories :

Le terme « papou » ne désigne pas une famille linguistique unique, mais plutôt un regroupement de langues isolées ou mal classifiées, souvent très anciennes. Les linguistes estiment que certaines de ces langues pourraient remonter à plus de 10 000 ans, ce qui en ferait les témoins vivants d’un passé préhistorique.

Un quotidien multilingue

Comment vivre dans un pays où l’on ne parle pas tous la même langue ? La réponse tient dans le multilinguisme quotidien des habitants. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, il n’est pas rare qu’une personne parle trois à cinq langues différentes, selon les circonstances :

Le tok pisin est devenu un pilier de la communication nationale. Créé pendant la période coloniale pour faciliter le dialogue entre les Européens et les populations locales, ce créole s’est enrichi au fil du temps, jusqu’à devenir la langue véhiculaire la plus utilisée du pays, parlée par plus de 4 millions de personnes.

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Une diversité menacée

Malgré cette richesse, environ 300 langues sont menacées d’extinction. L’anglais, les médias numériques et l’urbanisation fragilisent les langues locales, parfois parlées uniquement par quelques personnes âgées, accentuant une perte culturelle et identitaire profonde.

Pour préserver ce patrimoine, des linguistes et ONG œuvrent à documenter ces langues via les dictionnaires, enregistrements et programmes éducatifs bilingues. Des radios communautaires diffusent aussi dans les langues locales. Mais les moyens sont limités, et chaque langue perdue emporte une vision unique du monde.

Au-delà de ses panoramas spectaculaires, la Papouasie-Nouvelle-Guinée se distingue aussi par sa richesse culturelle et humaine. Ce pays représente également un refuge linguistique unique, où chaque mot reflète des traditions héritées depuis des générations. Dans un monde qui tend vers l’uniformisation, ce pays nous rappelle que la diversité, y compris linguistique, est une richesse à défendre, à écouter, à transmettre.

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