
À l’ouest du Maroc, là où l’Atlantique s’écrase contre les remparts, se dresse Essaouira, la blanche. Cité balayée par les vents, bercée par les cris d’oiseaux et la lumière de l’océan.
Mais ce n’est pas seulement pour ses fortifications, ses médinas ou son histoire que la ville fascine. À Essaouira, les mouettes sont partout. Dans le ciel, sur les hauteurs ou au bord de l’eau, la vie s’anime partout. Elles règnent sur la ville avec insolence, comme si elle leur appartenait.
Une ville sculptée par le vent et l’océan
Essaouira n’est pas née dans le silence. Elle est née du souffle du vent, du rythme des vagues et de l’éclat du soleil. Autrefois appelée Mogador, elle fut un port stratégique, un carrefour de marchands, de pirates, d’artisans et de navigateurs.

Aujourd’hui encore, le vent d’alizé souffle presque toute l’année, donnant à la ville une énergie particulière. Il rafraîchit les rues étroites, pousse les surfeurs vers les vagues… et porte dans l’air le cri strident des mouettes.
Les embarcations bleues oscillent tranquillement le long des quais du port. Des caisses de poissons y sont déchargées à l’aube. Et c’est là, chaque matin, que commence le spectacle.
Les mouettes, habitantes sonores du port
Dès les premières lueurs, des centaines de mouettes s’agglutinent autour du port, attirées par les restes de la pêche nocturne. Elles tournoient au-dessus des filets, guettent le moindre mouvement des poissonniers, arrachent un déchet, s’élancent, crient, replongent.
Leur ballet est aérien, bruyant et parfaitement organisé. Chacune connaît sa place. Certaines montent la garde sur les mâts, d’autres attendent sur les remparts, et les plus téméraires plongent sans hésiter dans les bennes poissonneuses.
Les habitants d’Essaouira ne s’en offusquent pas. Ils vivent en coexistence avec ces oiseaux qui font partie du décor.
Une île-refuge pour des milliers d’oiseaux marins
Au large d’Essaouira, à moins de deux kilomètres de la ville, se trouve l’île de Mogador, la plus grande des îles Purpuraires. Classée réserve naturelle depuis 1980, cette île est fermée au public afin de préserver son écosystème fragile.
Elle abrite l’une des plus importantes colonies de mouettes et goélands d’Afrique du Nord, avec une densité de plus de 200 individus par hectare. Lors de la saison de reproduction, plus de 30 000 oiseaux prennent possession des falaises, des rochers et des cavités dissimulées à la vue depuis le rivage.
Protégées du tumulte humain, ces colonies utilisent l’île comme site de reproduction et de repos, avant de rejoindre le ciel d’Essaouira pour s’alimenter ou se regrouper autour du port.
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Une cohabitation urbaine parfois délicate
Si les mouettes d’Essaouira sont indissociables de l’identité de la ville, leur présence massive peut aussi poser problème.
Elles n’ont pas peur de l’humain. Elles volent bas, chapardent dans les assiettes, laissent leurs traces sur les balcons. Les serveurs protègent les assiettes sur les terrasses, pendant que les enfants s’amusent bruyamment et que les visiteurs, intrigués mais prudents, prennent des photos.
Mais dans l’ensemble, la cohabitation se fait sans heurt, comme si la ville avait appris à vivre au rythme des oiseaux, comme elle vit au rythme du vent et de la mer.
Essaouira ne serait pas vraiment Essaouira sans le cri des mouettes dans le ciel et leur danse effrontée au-dessus des quais.
Ici, les oiseaux ne sont pas juste de passage : ils habitent la ville, et la ville les laisse faire.